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Interview de François, chirurgien-dentiste

François, chirurgien-dentiste à La Réunion, nous parle de son métier et de l'évolution constante de la profession depuis ses débuts. 

Pouvez vous présenter ? Quel est votre parcours ? Vos études ?

Je m’appelle François, je suis dentiste depuis pas mal d’années maintenant. Je suis né à la Réunion, j’y ai donc fait toute ma scolarité jusqu’au bac. Ensuite, je suis allé à Rennes pour ma première année de médecine. Cela m’a permis d’enchaîner avec des études dentaires jusqu’à ma thèse en 1985. Après quoi je suis rentré à la Réunion pour mon service militaire en tant que volontaire d’aide technique durant 16 mois. C’est de ce fait en 1987 que j’ai commencé la pratique dentaire. 

Pourquoi avoir choisi le métier de dentiste ?

Je ne saurais trop dire, c’est vrai qu’on n’a pas forcément vocation à être dentiste, encore moins à mon époque où l’image du métier était assez négative à cause de la douleur causée par les soins. Il faut dire qu’à l’époque, je me voyais plutôt pilote d’avion, mais l’ENAC ne formait pas à cette époque. On peut ainsi dire que c’est un peu par défaut que je me suis orienté vers ce métier. Cependant, mon père est dentiste lui aussi et j’avais un certain intérêt pour ce qu’il faisait. Aujourd’hui, je n’ai aucun regret, après 35 ans de pratique le métier est toujours aussi passionnant, les interventions sont variées. C’est un métier résolument humain, on aide les gens, on soulage la douleur. L’évolution est constante, technologique notamment. On n’arrête jamais de se former, de se remettre à niveau, c’est très enthousiasmant. Cependant, il faut reconnaître qu’avec le temps et l’âge le métier devient un peu fatigant.

Quelles sont les qualités nécessaires pour être un bon dentiste ?

C’est un métier qu’il faut faire pour les bonnes raisons, l’empathie fait pour moi partie des qualités du dentiste. C’est un métier définitivement humain, il faut gérer différentes réactions, savoir écouter. Le métier est de plus en plus pointu, on est loin du bricolage du siècle dernier. On est passé de la dentisterie à la médecine dentaire, il faut certes être assez manuel, mais avoir le souci du détail. On fait de plus en plus de lien avec le reste du médical, dans le cas des maladies cardiovasculaires par exemple ou encore du diabète, on est sur un niveau de réflexion plus poussé qu’auparavant. 

À ce sujet, j’ai vu que l’alignement des dents avait un impact sur la posture, est-ce que c’est vrai ?

Oui, effectivement, lorsque l’on intervient sur un alignement des dents, cela peut également améliorer la posture de la personne. S’il y avait malposition, on affecte directement l’alignement de la mâchoire, ce qui influe sur le rachis et donc sur les cervicales. Voilà encore un autre lien que l’on fait de plus en plus avec le reste du médical.

Avez-vous été témoin de grandes innovations dans le monde dentaire et si oui, lesquelles ?

Oui tout à fait, j’ai vraiment été témoin de grandes innovations, j’ai vécu une époque charnière entre la dentisterie de papa et les pratiques modernes actuelles. À l’époque, c'était réellement du bricolage, il fallait être solide mentalement, car il faut être honnête, on faisait mal aux gens. La gestion de la douleur via anesthésie locale a été une vraie révolution, c’est efficace et ça présente peu de danger. Nous ça nous permet de travailler correctement et pour le patient cela a apporté beaucoup de confort.
Les méthodes de collage également ont grandement évoluées également. À l'époque, c’était une pâte de base mélangée à un catalyseur et qu’il fallait donc appliquer en vitesse. Aujourd’hui, on a des procédés plus fins qui nous permettent de davantage prendre le temps de réaliser les ajustements nécessaires et de fixer grâce à une lampe UV lorsque tout est parfait.
Je peux parler aussi parler de tout ce qui est traitement des gencives. Anciennement cela n’existait pas, on se concentrait sur la dent, toute la partie implant était inexistante, les premiers implants sont arrivés dans les années 80-90.
Un simple détartrage à l’époque pouvait être une épreuve pour le patient, on faisait ça au crochet, aujourd’hui on utilise des ultrasons. De même, les extractions de dents sont devenues beaucoup moins courantes, on enlève seulement en dernier recours. On a des procédés pour réparer la dent, la conserver un maximum.
Il faut aussi parler des machines, l’informatique et le numérique ont fait leur entrée peu à peu. Désormais, on fait de moins en moins d’empreintes à l’ancienne, on utilise une caméra, c’est beaucoup plus confortable pour le patient, mais cela a aussi des avantages pour nous. Par exemple, on peut transférer rapidement le scan au prothésiste. Ce fichier est lu par sa machine usineuse, c’est un gain de temps. On a une couronne céramique parfaite rapidement. Ces nouvelles machines sont en grande partie ce qui explique que de plus en plus de jeunes s’associent, cela permet de mutualiser les coûts. Personnellement j’hésite à investir, je ne suis pas très loin de m’arrêter et mon fonctionnement actuel me convient.
Enfin, une tendance qui prend de plus en plus d’ampleur est celle des gros centres dentaires, il en existe quelques réseaux en France. Leur fonctionnement est totalement différent, ils recrutent majoritairement de jeunes dentistes. Pour ces derniers, cela présente quelques avantages, ils n’ont pas à réaliser de forts investissements liés à une installation, peu d’administratifs, peu de responsabilités et ils sont salariés. D’ailleurs personnellement je ne comprends pas trop comment ça fonctionne vis-à-vis de la sécurité sociale, c’est elle qui est censée « rémunérer » les dentistes. Ces centres me font un peu peur, je crains qu’il y ait une logiquement mercantile derrière, les investisseurs sont rarement dentistes. Aussi, il y a un turnover assez important au sein de ces centres, je suis davantage attaché à l’idée d’avoir son dentiste de confiance, habitué à nous suivre, qui connaît notre historique, mais évidemment, ceci n'est que mon avis.

Pensez-vous que ces centres sont amenés à devenir la norme ?

Avant toute chose, je pense que ces centres ne viennent pas répondre à une problématique de patient, mais plus à une problématique des jeunes dentistes. Je crois qu’on parle de 60-70 % des jeunes dentistes qui sortent de fac qui préfèrent être salariés plutôt que d’avoir à gérer une entreprise. Je les comprends cela dit, ça peut faire peur quand on sort de fac. Il faut gérer de l’humain, de l'administratif, ça peut vite être stressant lorsque l’on ne l’a jamais fait. Ces centres leur permettent de faire leurs heures et de se concentrer sur la pratique dentaire. Cela leur permet de gagner en expérience et en confiance avant de s’installer ou de s’associer. C’est d’autant plus vrai avec la Covid, les jeunes ont manqué de pratique, ils sont hésitants dans leurs gestes. J’ai notamment le fils d’un ami qui vient d’être diplômé en Roumanie, il a commencé son premier emploi au sein d’un centre dentaire récemment. Pour ce type de profil, les centres sont une aubaine, ils peuvent se concentrer sur la pratique, réaliser beaucoup d’actes par jours.
Pour les patients, je ne suis pas certain que ces centres soient particulièrement avantageux, il n’y pas cette même relation de confiance et puis avec le turnover le suivi n’est pas le même. Après je suis peut-être attaché à cela, car dans la famille, nous en sommes à plusieurs générations de dentiste. Lorsque j’ai commencé, j’ai pris le relais de mon père, je me suis occupé de ses patients, qui eux-mêmes m’ont emmené leurs enfants.
Cependant, je reste persuadé que la plupart de ces centres font un bon travail, il y a quelques scandales qui ont éclaté et qui ont entaché leur image, mais des scandales il y en a eu aussi du côté des indépendants.

À quelle fréquence faut-il se rendre chez le dentiste ?

Je dirais que le strict minimum serait d’une fois par an, très souvent les patients nous contactent en cas de douleur et c’est déjà trop tard. Bien souvent, des visites régulières peuvent éviter bon nombre de complications. Chaque personne aura un rythme différent, certains sont sujets à plus de problèmes que d’autres et je les vois tous les trois mois, principalement pour des visites de suivi ou de contrôle. C’est au dentiste de fixer la fréquence des visites en fonction de chaque patient. Après une grosse intervention, on va programmer quelques visites rapprochées, si tout va bien on peut aérer un peu plus. 

Quels sont les motifs de consultation les plus fréquents ?

Comme je te le disais, les patients se tournent vers nous, essentiellement lorsqu’il est trop tard, lorsque la douleur est bien présente. C’est je pense le plus fort motif de visite. Cependant, il y a tout de même du mieux, les gens sont moins réfractaires à l’idée d’aller chez le dentiste, ils y vont plus souvent et plus volontairement. Aussi il y a moins de « catastrophe » surtout en ville, on a plus de bouche « en chantier », avec des caries sur toutes les dents. Après ici dans les “hauts”, c'est autre chose, l’accès au soin n’est pas le même. La sécurité sociale a mis en place des contrôles réguliers à destination des jeunes dans une logique de prévention ou encore à destination des femmes enceintes. Donc de plus en plus aujourd’hui on a des patients conscients de l’importance d’un contrôle régulier. Ils prennent ainsi des rdv sans motif en particulier, pour des contrôles. 

Existe-t-il des professions particulièrement à risque pour les dents ?

Les pâtissiers sont particulièrement à risque, dans le métier, on parle de carie du pâtissier, elles sont davantage à l’intérieur et à la base des dents, au niveau de la gencive, c’est très particulier. Ce n’est pas seulement lié au fait de goûter des préparations sucrées toute la journée, c’est aussi le fait de respirer une atmosphère sucrée. J’ai échangé avec un jeune pâtissier cette semaine qui se lance dans le métier. Je lui ai expliqué qu’il faudra avoir une hygiène dentaire irréprochable et penser à des contrôles assez rapprochés.

En regardant votre fille qui fait actuellement des études en dentaire, voyez-vous une différence dans la manière d’enseigner le métier aujourd’hui ?

Pour moi il n’y a pas photo, les sodas font beaucoup de mal à être sucrés et acide. Quand je vois les gamins qui sortent du collège qui est à côté du cabinet, ils ont quasi tous un soda dans la main. Il faut vraiment que cela reste exceptionnel, une fois par semaine ou deux, pas plus. D’autant que le sucre est addictif et il n’y a pas que pour les dents que c’est mauvais. À la Réunion, on est bien placés pour le savoir avec les problèmes de diabète que l’on connaît, les maladies cardio-vasculaires ou l’obésité. Ici à la Réunion je pense qu’il faut éduquer les grands-parents, ce sont eux qui bien souvent veulent faire plaisir sans comprendre les dangers du verre de coca qu’ils vont donner ou des bonbons. C’est très important pour les enfants, il ne faut pas les habituer au sucre, cela passe par l’éducation. Si tu éduques un enfant en lui disant qu’à table on boit de l’eau, plus tard il gardera cette bonne habitude.

Quelle est la relation entre un dentiste et son prothésiste ?

Elle a bien évoluée, anciennement, c'était plus humain. C’était une personne que tu connaissais avec qui tu as une vraie relation. Pour moi, c'est toujours le cas, je travaille avec le même depuis 30 ans, c’est un magicien, je paye trois fois le prix par rapport à la métropole, mais en cas de problème, c'est bien mieux ainsi. Cependant, avec le plafonnement des tarifs des prothèses proposés par Macron, on a commencé à voir les jeunes se tourner vers des prothésistes basés à Madagascar. On les voit passer avec leurs camionnettes récupérer les empreintes. Je ne suis pas trop pour ça, tu ne connais pas vraiment les conditions de travail, les matériaux utilisés. J’en ai vu passer et je ne suis pas convaincu par la qualité, lorsque je mets quelque chose dans une bouche, j'ai besoin que ça me plaise. Avec le numérique, ce type de pratique est encore plus facile. Les cabinets équipés d’une caméra prennent l’empreinte numérique et envoient directement le fichier en Chine par exemple. Les dentistes ne connaissent plus réellement leur prothésiste.

Quelle est la différence entre un bon dentiste et un mauvais dentiste ?

Je peux surprendre lorsque je dis ça, mais un bon dentiste va souvent faire « plus mal » qu’un mauvais. Non pas, car il est plus bourrin, mais car travaillant correctement, il va aller plus en profondeur. Dans le cas de caries ou d’abcès par exemple. Il est important d’aller nettoyer en profondeur et cela peut être inconfortable pour le patient. Pourtant, c'est nécessaire pour faire les choses correctement et lui assurer une bouche saine sur du long terme. Mais en tant que patient, ce n’est pas possible de savoir concrètement. Il n’y a pas d’indicateur clef, un dentiste peut avoir soulagé une douleur, mais avoir causé un problème qui aura des répercussions dans quelques mois voir plusieurs années. Il y a le bouche-à-oreille, mais ce n’est pas vraiment fiable non plus. J’ai récupéré les patients d’un dentiste récemment, il avait très bonne réputation, ses patients étaient contents de lui. Attention, ce n’était pas un mauvais dentiste, c’était surtout un bricoleur, très bon bricoleur, mais il y en a dans tous les sens. Ses patients devaient passer leur vie chez lui. C’était vraiment à l’ancienne, il était plus âgé que moi et je doute qu’il se soit formé tout au long de sa carrière ou remis à la page. Un bon dentiste doit se former, aller aux congrès, lire des revues…
Il y a 15 jours, j'y étais d’ailleurs en formation. Tu vois passer des personnes très compétentes qui te montrent plein de nouvelles méthodes, les évolutions du métier.

Qu’est-ce que ces formations et congrès vous font percevoir comme révolutions pour le futur ?

L’informatique prend une place croissante dans la modélisation et dans l’usinage, ça on le voit déjà, mais à l’avenir ça prendra encore davantage de place. Ce n’est pas encore répandu, mais on est capable aujourd’hui de modéliser ton « sourire » idéal virtuel et on est capable d’y arriver. S’il te manque de la mâchoire, on peut tout à fait te faire une greffe rendue compatible via une prise de sang au préalable. La manière de raisonner est révolutionnaire, on ne part pas de l’existant en tentant de l’améliorer, on part du sourire idéal et on travaille l’existant pour y arriver. Ce n’est pas pour tout le monde cependant, ce type de travail est couteux, plusieurs dizaines de milliers d’euros. Mais je pense que c’est l’avenir de la profession.

L'objectif est-il esthétique ou plutôt médical et fonctionnel ?

Les deux, c’est d’ailleurs d’avantage plus médical et fonctionnel, cela permettrait à des personnes pour qui on ne pourrait plus faire grand-chose retrouver une dentition et une mâchoire saine. On peut imaginer partir d’une page blanche, supprimer les bricolages pour avoir un résultat cohérent. 

Enfin, quels sont vos critères pour choisir une blouse médicale ? Qu’est-ce qui est important pour vous ?

Avec mes longues journées de travail, j’ai surtout besoin de quelque chose de confortable à porter, agréable, qui se fasse oublier. Cela me permet de me concentrer sur l’essentiel. Dans le même registre, j’ai besoin que ma tenue soit facile d’entretien, tu la mets en machine à 60°, la met à sécher et elle est prête à être portée. J’aime aussi que ce soit du solide, que ça tienne dans le temps, c’est pénible d’avoir à renouveler trop rapidement. Une fois que tu as trouvé la bonne, tu n’en changes plus.


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