Interview avec Eva, enseignante en activité physique adaptée.

Nous avons eu le privilège d'interviewer Eva, enseignante en activité physique adaptée (APA).

Ce métier émergent reste encore peu connu du grand public, mais commence à gagner en visibilité. L'enseignant en APA intervient auprès de personnes qui, en raison de leurs capacités physiques, psychologiques ou sociales, rencontrent des difficultés à pratiquer une activité physique.

Il se consacre aux individus en situation de handicap, aux personnes atteintes de maladies chroniques, à celles qui éprouvent des problèmes d'insertion sociale et aux personnes qui font face aux défis du vieillissement. L'objectif de l'enseignant en APA est d'optimiser la condition physique en favorisant la réadaptation.

Peux- tu nous raconter ton quotidien en tant qu'enseignante en activité physique adaptée ?

Oui , bien sûr ! En tant qu’enseignante en activité physique adaptée spécialisée pour les publics seniors, mon quotidien est diversifié et axé sur la prise en charge de différents publics : les personnes robustes, les personnes fragiles et les personnes dépendantes.


Les personnes fragiles sont principalement présentes dans les hôpitaux ou les cliniques de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) pour des séances de rééducation.

En ce qui me concerne, j'interviens auprès d'un public dépendant en EHPAD (Établissement d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes).

Je prends en charge individuellement ou collectivement des personnes pour des séances de rééducation ou de réadaptation dans un espace dédié à l’activité physique.

Les séances d’activité physique adaptée sont axées sur la réhabilitation à la marche, le renforcement musculaire, la motricité et la mobilité.

Nous accordons une attention particulière au renforcement musculaire, qui est essentielle en complément des exercices de marche, compte tenu des nombreux cas de sarcopénie rencontrés en EHPAD.

La sarcopénie, caractérisée par la perte progressive de masse musculaire et de force liée au vieillissement, est une condition à prendre en compte dans notre approche de rééducation.

Quelle est la relation entre l'enseignant en APA et le kinésithérapeute ?

La relation entre l'enseignant en APA et le kinésithérapeute repose sur une étroite collaboration et une communication constante. Ensemble, nous travaillons en équipe pour offrir un suivi complet aux patients.


Dans certains cas, le kinésithérapeute commence le traitement et indique à quel moment je peux intervenir. Par exemple, il peut me dire : "Je vais continuer à prendre en charge ce patient, et tu peux commencer à intervenir dès maintenant." Dans d'autres situations, le kinésithérapeute commence par traiter le patient, puis je prends le relais en tant qu'enseignant en APA pour assurer le suivi.

Il est fréquent en France que les gens consultent un kinésithérapeute, mais ne s'engagent pas dans une activité physique régulière par la suite. Ils continuent parfois à voir un kinésithérapeute dans l'espoir de maintenir une certaine activité physique, mais cela ne fait pas partie du rôle principal du kinésithérapeute. C'est là que mon intervention en tant qu'enseignant en APA prend tout son sens.

Est-ce possible de travailler en indépendant ?

Il est possible de travailler en tant qu'enseignant APA de manière indépendante, mais cela peut être assez complexe.


En effet, il faut soit avoir un réseau professionnel incroyable ou travailler à mi-temps ailleurs tout en exerçant de manière indépendante. À noter que, pour le moment, nos services d'activité physique adaptée ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale.

Cependant, des discussions sont en cours à l'Assemblée nationale en vue d'un éventuel changement. Si le remboursement des services d'activité physique adaptée était mis en place, de nouvelles opportunités s’offriraient notamment la collaboration avec d'autres professionnels de santé tels que les kinésithérapeutes.

En installant notre cabinet à proximité des kinésithérapeutes, cela faciliterait la collaboration et améliorerait l'accessibilité des soins pour les patients.

Quel est le parcours pour devenir enseignant en APA ?

Pour devenir enseignant en APA, il existe un seul parcours, qui consiste à intégrer une filière STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives). Cependant, une fois inscrit en STAPS, il est possible de choisir entre deux parcours différents : le parcours général ou la formation professionnelle.


Le parcours général consiste en une première année d'études générales en STAPS, suivie d'une spécialisation en deuxième et troisième année. Cela conduit à l'obtention d'une licence (BAC+3) et permet éventuellement de poursuivre en master.

En revanche, la formation professionnelle offre la possibilité de se spécialiser directement dès le début des études en STAPS . Pour ma part, j'ai choisi la formation professionnelle, car je savais déjà quelle spécialité je souhaitais faire.

J’ai d’abord fait un DEUST (diplôme d'études universitaires scientifiques et techniques) de Pratique et Gestion des Activités Physiques, Sportives et de Loisirs pour les publics seniors, ce qui m’a permis d’obtenir ma carte d’éducatrice sportive.

Ensuite, étant donné que je souhaitais m’orienter vers le médical, j’ai obtenu une licence professionnelle Santé Vieillissement et Activité Physique Adaptée pour devenir EAPA.

En parlant de la formation nécessaire pour devenir enseignant en APA, le métier d’EAPA en EHPAD est très souvent associé à celui d'animateur.

Comment expliquerais-tu la spécificité de ton métier en tant qu'enseignante en APA, en EHPAD, par rapport à ce domaine?

En effet, le métier d’EAPA en EHPAD est généralement faussement associé à celui d’animateur, pourtant l’animation n'est pas du tout notre activité principale.


Très souvent, nous devons expliquer au personnel de l’EHPAD ou à certaines directions notre métier . Nous prenons soin de leur dire clairement : “ Non, l'animation n'est pas ce que nous faisons, ce n'est pas notre métier , notre rôle est axé sur la rééducation et la préservation de l'autonomie.”

En effet, notre mission fondamentale consiste à mobiliser les personnes. Nous ne les manipulons pas de manière passive, comme les kinésithérapeutes, mais nous les engageons activement. Nous sommes des professionnels de la rééducation . Cela est d'ailleurs mentionné sur notre fiche RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles), et notre métier est classé en catégorie A. Il s'agit véritablement d'un métier de rééducation.

Comment as-tu su que tu voulais devenir enseignante en APA (activité physique adaptée)?

Je suis une passionnée de sport depuis mon enfance. Bien que j'aie essayé diverses choses dans ma vie, j'ai toujours fini par revenir à l'activité physique.


Initialement, mon objectif était de devenir éducatrice sportive, ce qui m'a amenée à choisir des études en STAPS pour exercer cette profession. Cependant, j'ai également ressenti le désir de m'orienter vers une approche médicale.

En effet, j'ai constaté dans ma famille que certaines personnes avaient des problèmes de santé et avaient besoin de pratiquer une activité physique, mais ne le faisaient pas suffisamment. Devenir enseignante en APA (activité physique adaptée) correspondait parfaitement à ma passion pour le sport et à mon désir d'aider les autres à améliorer leur santé.

En ce qui concerne ta tenue au travail, portes-tu une blouse au quotidien ?

Dans les cliniques, hôpitaux et EHPAD, nous portons constamment des blouses. On m'avait proposé de combiner un haut de blouse avec une tenue de sport, mais cela ne donne pas une impression très professionnelle.


Le souci principal avec les blouses standard réside dans le fait qu'il n'y a pas vraiment de tailles adaptées. Je me retrouve parfois à devoir faire des ourlets au pantalon, car c'est trop long et je marche dessus. De plus, la matière de la blouse est souvent trop épaisse, ce qui rend le port peu confortable.

Lors des activités physiques adaptées, il est difficile de se mouvoir lorsque la blouse est trop ample. C'est d’ailleurs pour ces raisons que j'ai décidé de consulter votre site pour trouver une blouse avec un pantalon qui soit réellement ajusté à ma taille et qui respecte également un code couleur approprié. Il est essentiel de se sentir à l'aise et professionnelle dans sa tenue de travail.

Si tu devais nous donner trois grandes qualités pour être enseignant APA ? Qu’est-ce que tu dirais ?

Il y a beaucoup de qualités à avoir, mais la première, c'est d'être bienveillant. Il faut faire preuve d'une énorme bienveillance envers les personnes qui souffrent de problèmes de santé ou qui sont anxieuses à ce sujet.


Ensuite, je dirais la patience, car il ne faut pas être pressé dans ce métier. Il faut s'adapter aux personnes et être patient avec elles.

Enfin, je dirai que la créativité est également une qualité essentielle à avoir.

J'aimerais aussi mentionner l'adaptabilité en quatrième position, car c'est un métier dans lequel on peut s'attendre à tout et n'importe quoi. Par exemple, on peut avoir une personne en fauteuil roulant et ne pas imaginer qu'elle puisse se lever et marcher ou réaliser certains exercices, et finalement, elle découvre ses capacités grâce à nous.

Comment les patients viennent-ils à vous ?


Dans le cadre de la clinique, de l'hôpital et de l’ EHPAD, nous recevons des prescriptions médicales des médecins pour prendre en charge les patients.

Ces prescriptions incluent généralement des recommandations pour des traitements tels que la rééducation à la marche, le renforcement musculaire ou les exercices cardio-respiratoires.

À partir de ces prescriptions, nous concevons des séances personnalisées et nous nous adaptons progressivement en fonction des besoins de chaque individu.

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton métier et qu’est-ce que tu aimes le moins ?

 

Ce qui me plaît le plus dans mon métier, c'est e contact avec les personnes.


J'adore communiquer avec mes patients, c'est un travail qui est super parce qu'on travaille aussi beaucoup sur la psychologie des personnes.

Ce n'est pas seulement de l'activité physique pure et dure où l'on se dit "Vous faites ça, ça, ça". C'est un accompagnement psychologique où nous aidons les personnes à prendre confiance en elles et à avoir de l'estime pour elles-mêmes.

En effet, en cliniques et en hôpitaux , nous aidons autant les patients à retrouver leurs capacités physiques, qu’à leur redonner confiance en eux pour un retour à domicile.

En EHPAD, ils retrouvent l’estime d’eux même en se rendant compte qu’ils sont capables de faire encore certaines choses, et c’est cela qui est beau dans notre métier.

Notamment, les personnes avec des handicaps qui n'arrivent pas forcément à l’accepter. Le but, c'est vraiment d'être patient et surtout de pouvoir se dire « OK, on va y arriver ensemble. ». C'est un long parcours pour certains, mais c'est magnifique de voir les évolutions, davantage lorsqu’on a les remerciements après.

En ce qui concerne ce que j'aime le moins, honnêtement, c'est assez facile.

En EHPAD, les résidents nous disent "Pourquoi faire de l'activité physique ?" ou "Non, cela ne sert à rien". Le problème de mon métier en EHPAD est que les résidents n'ont pas du tout la culture du sport. J'ai quand même pas mal de résidents que je suis tout au long de la semaine et il n'y a pas trop d'absents non plus. Cependant, il y en a toujours un ou deux qui sont réticents à l'idée de pratiquer une activité physique adaptée.

J'ai déjà fait de l'activité physique adaptée à une personne qui avait 98 ans, et son âge ne l'a pas empêchée de le faire parce qu'elle en avait les capacités. Mais c'est vrai qu'il y en a qui sont encore un peu ignorants à ce sujet. Il faut toujours garder l'envie de faire notre métier et se dire "OK, ce n'est pas grave si telle personne n'a pas envie, une autre personne le voudra". Et d'autre part, il y en a qui me demandent "Quand est-ce qu'on fait de la gym ?" et cela fait du bien à entendre.



Merci Eva pour ton témoignage sur ton métier peu connu et riche de sens!



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